Les marchés se révoltent, du jamais vu

Les places européennes et Wall Street ont connu hier leur pire journée. Les investisseurs ont manifesté sans fard leur profond désarroi, comme s’ils attendaient un miracle qui ne vient pas. Connaissant bien leur monde, ils savent que les banques centrales peuvent tenir le système financier hors de l’eau mais pas soutenir l’économie qu’ils ressentent être en péril. Le déclencheur du rebondissement de la crise de 2007 que l’on cherchait dans les profondeurs du système financier est désormais connu et, oh surprise ! il est exogène.

Quand tout fout le camp

Les règles les plus intangibles ne sont pas faites pour être respectées quand les circonstances deviennent exceptionnelles. Que ce soient celles du « pacte de stabilité » européen ou bien du « déficit zéro » allemand. Angela Merkel l’a signifié hier et cela devient parole d’Évangile. Cela pose toutefois plusieurs questions : quelle va être l’ampleur de ce tournant, combien de temps va-t-il durer et comment pourra-t-il être revenu dessus ?

À force de crier au loup, il finit par surgir

Pour la finance, n’est-ce qu’un mauvais moment à passer ? La fuite vers le refuge du marché obligataire pour se protéger de l’orage s’accompagne de l’espoir qu’il finira bien par s’arrêter. Mais quand et à quel prix ? Les spéculations fleurissent sur la date du pic de la pandémie, notamment en Chine d’où elle est partie, avec la conviction qu’un calendrier identique prévaudra par la suite dans les autres pays touchés. Afin de combattre l’angoisse, il y a toujours comme issue de rationaliser abusivement, faute de données établies.

Cela ne prend pas une bonne tournure du tout

Peut-on encore douter de la grande fragilité du système financier ? Un vent de panique, l’expression n’est pas trop forte, a recommencé à souffler ce lundi matin et la dégringolade boursière vire au krach en Europe, faisant suite à la chute intervenue sur les places asiatiques. Dans l’affolement, les capitaux refluent massivement vers le marché obligataire, faisant encore baisser les taux. Celui des titres américains à 10 ans est passé la nuit dernière sous les 0,5 %.

Les traders dépassés, les financiers font dans le génie

Avec Aladin, les amateurs de complots sont servis ! Conçu et exploité par le plus grand des fonds d’investissement, BlackRock, Aladin est le système nerveux des plus grands intervenants sur les marchés financiers. Ce n’est pas sans raison, car il prétend permettre à ses utilisateurs de vérifier que les actifs qu’ils détiennent en portefeuille sont bien de qualité, une fois établi le risque dont sont porteurs les actions, obligations et produits dérivés du monde entier, ainsi que ceux des paires de devises pour faire bonne mesure. Une mission qui tient du miracle, on n’attendait pas moins d’Aladin.

Les risques systémiques ne sont pas propres à la finance

Les Bourses se sont un peu reprises, mais l’alerte a été donnée. Sans que cette fois-ci le système financier en soit à l’origine, en attendant la suite. On enregistre bien la chute du prix du pétrole ainsi que celle du trafic maritime dans le domaine économique, on scrute également un marché des ETF devenu un point très sensible, mais l’essentiel n’est pour l’instant pas là. La rupture des chaînes de valeur est le sujet de plus grande inquiétude.

À la recherche du temps perdu

L’équation financière est ainsi faite qu’il est bien souvent plus aisé de chiffrer les besoins de financement que d’y répondre. Illustrant cette fâcheuse constatation, les dirigeants européens vont devoir à la fois boucler leur budget pluri-annuel et dégager le financement des investissements des programmes de transition écologique et technologique. Mais comment y parvenir sans toucher à des contraintes budgétaires qu’ils ont mis moins de temps à adopter qu’ils vont en mettre pour les retoucher ?

De mauvaises cuisines bancaires se préparent

Il s’en prépare de belles dans le système bancaire européen, où le mot d’ordre est consolidation, c’est à dire concentration ! Afin d’améliorer leur faible rentabilité (comparé aux banques américaines), les banques n’ont pas trente-six solutions : diminuer leurs coûts ou grossir grâce à des acquisitions. Le premier exercice a ses limites, de nombreuses suppressions d’emplois étant déjà dans les tuyaux, tandis que la seconde rencontre des obstacles qu’il faudrait lever. C’est en chemin !